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Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 1.pdf/265

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JOURNAL

paraissent toujours pressés, d’autres étonnés, d’autres chagrins, sans qu’il le soient en réalité.

Ah ! que je voudrais savoir la vérité dans tout cela ! Je voudrais revenir à Rome, mariée ; autrement ce serait une humiliation. Mais je ne veux pas me marier, je veux encore être libre et surtout étudier : j’ai trouvé ma voie.

Et franchement se marier pour piquer A… serait bête.

Ce n’est pas cela, mais je veux vivre comme tout le monde !

Je suis mécontente de moi ce soir et je ne sais pourquoi en particulier.


Mercredi 16 août (4 août). — Une foule de voisins et voisines, la crème de ces nobles lieux. Une dame qui a été à Rome, aime l’antiquité et possède une fille qui ne parle pas. D’une manière subite ainsi qu’inattendue, il nous arriva trois anges : le juge d’instruction, le notaire et le secrétaire : Mon oncle, qui est juge de paix depuis sept ans, a toujours affaire avec ces fonctionnaires.

Dans deux ans, il sera conseiller d’État, et grille d’être décoré.

Je me suis mise en soie bleue, souliers bonbonnière.É

Les beaux messieurs ne m’ont pas irritée comme les gens poussiéreux à Nice, ils m’ont seulement fait rire de grand cœur ; ils n’ont pas osé s’approcher, nous nous sommes admirés à distance.


Dimanche 20 août (8 août). — Je pars accompagnée de mon frère Paul qui me sert très bien. À Kharkoff nous avons attendu deux heures. Mon oncle Alexandre se trouvait là. Il a été, malgré mes dépêches,