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résistance, était traîné hors de la salle par ses bourreaux.


CHAPITRE XXXV.


La force est du côté des oppresseurs : c’est pourquoi j’estime plus les morts qui sont déjà morts, que les vivants qui sont encore vivants.
_____Ecclésiaste, ch IV, verset 2.


La nuit s’avançait, et Tom, gémissant et ensanglanté, gisait seul sur le sol, sous une espèce de hangar attenant au magasin, parmi des tronçons de machines brisées, des piles de coton avarié et autres débris accumulés là par la négligence et le temps.

La nuit était moite, étouffante ; l’air épais fourmillait de myriades de moustiques, dont les cruelles morsures avivaient encore l’incessante douleur de ses plaies. Une soif brûlante, — de toutes les tortures la plus intolérable, — comblait la mesure de ses maux physiques.

« Ô bon Seigneur ! abaissez vos regards ! — Donnez la victoire à votre serviteur ; — donnez-lui la victoire dans ses épreuves ! » priait le pauvre Tom en son angoisse.

Un pas résonna derrière lui ; la lueur d’une lanterne l’éblouit tout à coup.

« Qui est là ? Oh ! pour l’amour du Sauveur, un peu d’eau ! » Cassy, — car c’était elle, — posa sa lanterne à terre, versa de l’eau d’une bouteille, souleva la tête de Tom et le fit boire ; il vida un premier verre, puis un second, avec la même ardeur fiévreuse.

« Buvez à votre soif, dit-elle ; je savais d’avance ce qu’il en serait. Ce n’est pas la première fois que je sors la nuit pour porter de l’eau à des malheureux tels que vous.

— Merci, maîtresse, dit Tom, quand il eut bu.

— Ne m’appelez pas maîtresse, interrompit-elle avec