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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/194

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LA FEMME DU DOCTEUR.

— Oui, — répondit lady Gwendoline avec quelque chose qui ressemblait à un soupir, — mon père et moi nous nous proposons de nous fixer dans le Midland. Mon père a cédé, pour un certain temps, la maison de Clarges Street ; tout au moins vendu son bail, je crois ; ou quelque chose de ce genre. Et nous connaissons tous les coins et recoins du continent. Je crois donc que ce que nous avons de mieux à faire est de nous fixer à Lowlands. Mais je pense que Roland ne restera pas longtemps dans notre voisinage. Il se fatiguera de notre compagnie dans quinze jours, et il s’enfuira vers les Pyrénées, le Caire, ou l’Afrique centrale, n’importe où, pourvu que ce soit loin du monde !

— Ce n’est pas de vous que je me fatiguerai, Gwendoline, — dit le gentleman appelé Roland, qui avait repris sa première attitude nonchalante. — C’est moi qui suis mon propre ennui ; le seul ennui dont un homme ne puisse se débarrasser. Mais je ne crois pas que je quitterai le Midland. Je vais m’adonner à la culture, à l’étude des instruments aratoires, et au drainage. Je commence à croire que le drainage possède une influence bienfaisante sur l’esprit humain ; et j’enverrai à la Noël prochaine des élèves à Smithfield. Par la même occasion, vous m’apprendrez l’économie politique, Raymond ; nous améliorerons la condition des ouvriers agriculteurs et nous fonderons un prix pour le meilleur traité sur… voyons… sur l’agriculture classique telle qu’elle nous est révélée par les écrits de Virgile, ce qui est, si je ne me trompe, précisément ce qu’il faut aux populations agricoles. C’est Gwendoline qui distribuera les prix : — un ruban bleu, une médaille d’or, une jaquette en toile, et une paire de bottes à revers.