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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/213

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LA FEMME DU DOCTEUR

rendu aux fidèles soldats qui n’avaient jamais ajouté foi à la fable de la perfide Albion, c’est-à-dire à la mort du héros immortel. C’était tout cela ; un être indécis, nuageux, et divin, ne relevant d’aucune loi humaine. En ce moment il était là, sous les rayons mouvants du soleil et l’ombre indécise, mais demain il s’évanouirait à jamais dans les régions lumineuses, son séjour habituel.

Qu’importait-il donc qu’elle fût émue, interdite, et affolée par sa présence ? Qu’importait-il que la terre devînt aérienne sous les pas de la folle enfant ? Mme Gilbert ne se fit même pas ces questions. Nul sentiment de culpabilité ou de danger ne trouva place dans son esprit. Elle ne savait rien, sinon qu’un moderne lord Byron marchait à ses côtés et que la tonnelle était bien proche.

CHAPITRE XIII.

UN COUSIN.

Lansdell dîna avec son oncle et sa cousine le lendemain de la fête champêtre ; mais il fut très-réservé sur son excursion de l’après-midi dans les bois de Hurstonleigh. Il se promena sur la pelouse avec sa cousine Gwendoline, joua avec les chiens, regarda les vieux tableaux qui ornaient la vieille salle de billard dont les échos n’avaient pas été éveillés depuis de longues années par les chocs des billes d’ivoire ; il entama avec lord Ruysdale une discussion politique à bâtons rompus qu’il laissa tomber bientôt en répri-