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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/23

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LA FEMME DU DOCTEUR

Londres et je t’offrirai tous les jours si cela te sourit un dîner français aux environs de Leicester Square ; et nous remplirons jusqu’aux bords la coupe du plaisir !

Il y a une longue traite du Temple à Camberwell ; mais les deux jeunes gens étaient bons marcheurs, et comme Sigismund parlait incessamment, il n’y eut pas de silences embarrassants dans la conversation. Ils parcoururent Walworth Road dans toute sa longueur et prirent à gauche quelque temps après avoir dépassé la barrière. Smith guida son ami à travers un dédale de rues étroites, bordées de jolies villas et de charmants cottages nichés sous les arbres, où l’on entendait incessamment le bruit des boîtes à lait mêlé aux cris des laitiers. Sigismund conduisit George à travers ces ermitages ombreux, le fit passer devant une église à l’aspect rébarbatif, puis sur les bords d’un canal jusqu’à un endroit où la campagne à cette époque était encore nue et stérile. Depuis, les chemins ont divisé cette localité en menus morceaux, et la maison de M. Sleaford a été vendue aux enchères sous la forme de matériaux de démolition ; mais par cette soirée d’été où Sigismund guidait son ami, l’endroit était désert et agreste, et il s’y élevait une maison haute, de méchant aspect, enfermée de toutes parts par un mur élevé, et qu’entourait une quantité de cottages éparpillés dans toutes les directions.

Arrêté devant une petite porte percée dans le mur de clôture, George put voir seulement que la maison était carrée, bâtie en briques, recouverte çà et là par des lierres languissants et jaunis, et éclairée par de longues fenêtres étroites très-obscurcies par la poussière et les immondices. Si agréable qu’en pût être le séjour, l’aspect n’en était pas engageant et George la compara