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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/235

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LA FEMME DU DOCTEUR

dans sa miséricorde immense, marquer une époque de floraison printanière dans la vie d’un homme aussi bien que pour les lis des champs.

CHAPITRE XIV.

SOUS LE CHÊNE DE LORD THURSTON.

Tandis que Lansdell se rappelait Isabel comme un joli automate qui avait l’habitude de sourire et de rougir pendant qu’on lui parlait, et celle de balbutier timidement quand il avait à répondre, la femme du docteur parcourait de long en large le vulgaire jardin de Graybridge-sur-la-Wayverne, et pensait à l’après-midi du jour anniversaire de sa naissance, dont les simples plaisirs avaient été embellis par la présence d’un demi-dieu. Oui, elle parcourait lentement le sentier tracé entre deux rangées de groseilliers, plongée dans un rêve ravissant ; un rêve dangereux, dans lequel le visage brun de Lansdell brillait éclatant et magnifique. Était-ce mal de penser à lui ? Elle ne se le demanda même pas. Elle avait toujours lu des histoires sentimentales, et s’était passionnément éprise des héros en trois volumes, aussi longtemps qu’elle pouvait se rappeler. Qu’importait-il qu’elle fût amoureuse de Sir Reginald Glanville ou de Lansdell ? La seconde de ces passions était aussi platonique que l’autre, et par conséquent aussi inoffensive. Il était probable qu’elle ne reverrait jamais le maître du Prieuré de Mordred. N’avait-elle pas en-