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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/248

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LA FEMME DU DOCTEUR.

Isabel n’avait pas oublié ; son visage s’anima soudain à la pensée de la séduisante perspective qui se déroulait devant elle. Elle le reverrait donc encore une fois, chez lui ; puis… novembre viendrait, et il s’en irait, et elle ne le reverrait plus. Isabel n’avait pas oublié ; mais jusqu’à ce moment tout souvenir de cette invitation s’était effacé de l’esprit de Lansdell. Cette idée lui revint tout d’un coup et il sentit qu’il avait été bien négligent pour ces honnêtes et simples personnes auxquelles cet excellent Raymond s’intéressait si fort.

— Vous aimez les tableaux, je crois ? — dit-il interrogativement.

— Oh ! oui, je les aime beaucoup.

C’était vrai. Elle aimait tout ce qui était beau, elle était prête à admirer toute chose avec un enthousiasme ignorant et puéril ; — les tableaux, les fleurs, les sources, les paysages éclairés par la lune, les villes étrangères magiquement belles, en un mot tout ce qui était romanesque et étranger à sa vie.

— Alors, veuillez prier M. Gilbert d’accepter une invitation sans façon et de vous amener déjeuner au château… Mardi prochain, par exemple. J’aurai ainsi le temps d’inviter ma cousine Gwendoline, votre vieil ami Raymond, et les deux petites filles qui vous aiment tant.

Isabel balbutia quelque chose qui signifiait qu’elle était très-heureuse et qu’elle ne doutait pas que son mari ne partageât son plaisir. Elle n’admettait pas un instant qu’on ne fût pas enchanté d’une pareille invitation, puis elle se prit à songer à sa toilette et à se rappeler que sa robe de soie, le plus bel ornement de sa garde-robe, était tachée. Ah ! si George voulait