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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/249

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LA FEMME DU DOCTEUR

seulement lui faire cadeau de cette robe de soie gris perle, qu’elle avait vue dans un magasin de Murlington, et d’un mantelet de dentelle noire, et d’un chapeau blanc, et de gants gris perle, et de bottines et d’une ombrelle dignes de la toilette ! Il existait de par le monde des gens assez riches pour posséder toutes ces choses, pensait-elle, — êtres trois fois heureux, qui marchaient incessamment dans des flots de soie.

Lansdell la pria de lui écrire un mot pour l’informer si le mardi conviendrait à Gilbert. Ils étaient arrivés à la dernière barrière pendant ce temps et il leva son chapeau d’une main pendant qu’il tendait l’autre à Isabel. Elle effleura légèrement cette main de ses doigts qui tremblèrent un peu à ce contact électrique. Ses gants étaient roulés en tampon dans sa poche. Elle avait l’âge qui nous rend les gants gênants plutôt qu’agréables ; ce n’est que lorsqu’elles ont atteint l’âge de discrétion que les femmes connaissent tous les mérites de Houbigant et de Piver.

— Au revoir. Je verrai Gwendoline et je compte sur vous pour mardi. Ici, Frollo, Quasimodo, Gaspart !

Il était parti, suivi de ses chiens et d’un nuage de poussière. La poussière elle-même ajoutait à sa majesté. Il semblait être de la nature des génies africains qui paraissent et disparaissent au milieu d’un nuage.

L’église de Graybridge sonnait quatre heures et demie au moment où Mme Gilbert rentrait et pénétrait dans le vulgaire parloir où le dîner était servi. Son visage était animé et ses vêtements poudreux. George était là, sifflant à tue-tête et tailladant une badine avec un gros couteau-serpette à manche de corne.

— Eh bien ! Izzie, — dit-il, — que t’arrive-t-il ?