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LA FEMME DU DOCTEUR.

Lansdell et la chaleur l’avait incommodée, dit-elle. Elle s’assit pour se remettre sur le canapé du salon, ayant à ses côtés les deux orphelines, pendant qu’on attelait Brown Molly.

Gwendoline s’éloigna avec son père après avoir souhaité le bonsoir à Mme Gilbert d’un ton assez froid. La fille du comte de Ruysdale n’approuvait pas l’évanouissement, qu’elle appelait la démonstration extraordinaire de Mme Gilbert.

— Si elle était demoiselle, je penserais qu’elle a voulu intéresser Roland, — dit à son père Gwendoline en revenant chez elle. — Quel motif peut-il avoir d’inviter ces gens-là à Mordred ? L’homme est une buse, la femme insignifiante, excepté lorsqu’elle s’avise de se donner en spectacle en s’évanouissant. Cette sorte de gens s’évanouit à tout propos, tombe à la renverse au moindre souffle, et prend, au plus léger prétexte, des attaques de nerfs.

Mais si Gwendoline se montra dure pour la femme du médecin, Roland se montra très-affable, d’une affabilité dangereuse et pleine de séductions. Il se montra très-inquiet de l’état d’Isabel. C’était sa faute, cet évanouissement, absolument sa faute. Il l’avait laissée au grand soleil en racontant une histoire ridicule. Jamais il ne se pardonnerait cela, disait-il. À peine voulait-il croire l’assurance que George lui donnait du rétablissement de sa femme. Il sonna et fit apporter le thé pour ses invités. Il ferma les persiennes de ses propres mains et changea la lumière en un demi-jour agréable. Il supplia Gilbert de lui permettre de faire atteler une voiture fermée pour ramener sa femme à Graybridge.

— On vous ramènera le cabriolet ce soir, — dit-il.