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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/290

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LA FEMME DU DOCTEUR.

— Je fais toujours ce qu’il me dit, — dit-elle naïvement, — et il est meilleur pour moi que maman ne l’était et il lui est indifférent que je lise à table. Vous savez comme elle s’emportait pour cela. Et je reprise ses chaussettes quelquefois.

En disant ces mots elle ouvrit un tiroir où se voyaient quelques pelotons de laine grise et des bas en paquet dans lesquels étaient fixées de grosses aiguilles.

— Et puis, vous ne savez pas, Sigismund, — s’écria-t-elle avec assez d’inconséquence, — nous sommes allés à Mordred… au Prieuré de Mordred… à un luncheon ; un lucheon magnifique… des ananas et des glaces, et près d’une demi-douzaine de verres de toutes sortes pour chaque personne.

Elle pouvait parler à Sigismund de Mordred et du maître de Mordred. Il n’était pas comme George, lui ; il sympathiserait avec l’enthousiasme que lui causait ce paradis terrestre.

— Connaissez-vous Mordred ? — demanda-t-elle.

Elle ressentait un certain plaisir à appeler le château « Mordred » tout court, comme lui.

— Je connais assez bien le village de Mordred, — répondit Smith. — et je dois connaître parfaitement le château. Feu M. Lansdell occupait fréquemment mon père, et quand Roland fut initié à l’étude des classiques par un précepteur particulier, on m’envoyait au château pour travailler avec lui. Mon père était très-heureux de cette circonstance, mais quant à moi, je ne saurais dire que j’en appréciais tous les avantages, surtout pendant les après-midi d’été, lorsqu’on jouait au cricket dans les prairies de Warncliffe.

— Vous le connaissiez… vous avez connu M. Ro-