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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/291

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LA FEMME DU DOCTEUR

land lorsqu’il était enfant ? — dit Isabel avec stupéfaction.

— Certainement, ma chère Izzie ; mais je ne crois pas qu’il y ait là dedans rien d’extraordinaire. Vous n’ouvririez pas davantage les yeux si je disais que j’ai connu Eugène Arem enfant, — continua Smith en époussetant ses bottines avec sa serviette ; — oui, c’était un gentil garçon, un dandy achevé, avec un chapeau en tuyau de poêle, des bottes vernies et une montre en or dans son gousset. Il possédait une innombrable collection de porte-crayons, de raquettes pour le cricket, de cartons à dessin, de cannes de combat, et de lignes à pêcher. Il m’apprit l’escrime, — ajouta Sigismund en prenant brusquement la posture d’un duelliste et faisant du pied un violent appel sur le tapis. — Allons, madame Gilbert, — dit-il bientôt après, — mettez votre chapeau et allons nous promener. Je pense qu’il n’y a pas apparence pour que nous voyions George avant le dîner.

Isabel sortit avec plaisir. Tout le monde semblait dehors par cette belle matinée de septembre ; c’était une chance de plus de le rencontrer. Elle mit son chapeau, un chapeau de paille dont les larges ailes jetaient des ombres douces sur son visage, prit sa vaste ombrelle verte, et, en une minute, elle fut prête à accompagner son vieil ami.

— Je ne me soucie pas des compliments de la place du Marché, — dit Smith en parcourant le chemin toujours poudreux pendant la sécheresse et fangeux lorsqu’il pleuvait. — Je connais presque tout le monde à Graybridge, et je ne sortirais pas des questions et des réponses stéréotypées sur mon séjour à Londres. Je ne puis pas dire à ces gens-là que je gagne ma vie à