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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/32

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LA FEMME DU DOCTEUR.

jamais, car l’avocat avait soin d’en fermer la porte à double tour chaque fois qu’il sortait, obligeant ainsi ses fils à respecter son appartement. De temps en temps, ceux-ci regardaient par le trou de la serrure pour voir si la chambre défendue renfermait quelque chose de mystérieux ; mais comme ils n’apercevaient rien qu’un fauteuil noirâtre et un bureau couvert d’un amoncellement de paperasses, leur curiosité se calma peu à peu et ils cessèrent de s’inquiéter au sujet de l’appartement qu’ils désignaient toujours sous le nom de « la chambre de papa. »

CHAPITRE III.

ISABEL.

Le jardin situé derrière la maison était un espace carré orné de beaux poiriers ombrageant une pelouse négligée. Une épaisse haie de noisetiers couvrait le mur sur la longueur d’un des côtés, et de toutes parts l’œil ne rencontrait que des rosiers et des églantiers odorants, des pommiers en espaliers et des framboisiers touffus, tous parfaitement vierges des soins du sécateur du jardinier. Çà et là cependant on pouvait découvrir quelque arbuste infortuné qui avait été haché et mutilé par une opération fantaisiste des jeunes Sleaford.

C’était un jardin à l’ancienne mode et qui avait été évidemment parfaitement entretenu autrefois, car de charmantes fleurs surgissaient au milieu des herbes à