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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/65

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LA FEMME DU DOCTEUR

tour le long catalogue des praticiens dont le nom commençait par la lettre S. Ils trouvèrent des Saint-John et des Simpson, des Saint-Évremond et des Smither, des Standish et des Sykes. Il y avait toutes les variétés d’appellations, aristocratiques et plébéiennes, mais le nom de Sleaford n’y figurait pas. Les jeunes gens rendirent le volume au garçon, et rentrèrent au logis, en se demandant avec étonnement comment il se faisait que le nom de Sleaford ne figurât pas parmi ceux de ses confrères.

Il me reste peu de choses à dire des quelques jours que George passa à Londres après ces événements. Il visita les théâtres avec son ami et s’assit dans des loges de cintre étouffantes où se concentraient les émanations du populaire qui hante les théâtres dans les jours caniculaires. Sigismund le conduisit à plusieurs fêtes en plein air, où il put voir des feux d’artifice, des polkeurs, et de la bière en bouteille. Pendant les journées, George en était réduit à errer par les rues, regardant les devantures, coudoyé et regardé de travers parce qu’il occupait le mauvais côté du trottoir, ou bien à s’asseoir sur le rebord de la fenêtre de la chambre de Sigismund contemplant la cour sur laquelle elle ouvrait, ou suivant du regard la plume grinçante de son ami courant fiévreusement sur le papier. Tout sacrés que soient les devoirs de l’hospitalité, ils doivent néanmoins plier devant les exigences de la presse à un sou, et Sigismund était un assez maussade compagnon pour un jeune provincial, venu pour jouir pendant une semaine des plaisirs de Londres.

En désespoir de cause, George en arriva à s’intéres-