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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/72

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LA FEMME DU DOCTEUR.

s’accomplir. Au second chapitre on assiste au dîner de M. Primrose. Il sort pour visiter ses pauvres et les jeunes filles se promènent dans le jardin avec M. Burchell, guettant le retour de Moïse, qu’on ne reverra plus. Alors commence l’intrigue principale du récit. M. Burchell ne quitte plus des yeux le vicaire. Personne, excepté lui, ne soupçonne ce bon M. Primrose ; mais les yeux de Burchell le surveillent toujours, et un soir, lorsque les rideaux sont tirés, que les jeunes filles travaillent et que l’excellente Mme Primrose taille des gilets de flanelle pour ses pauvres, le vicaire se met à son bureau et commence une lettre. On entend le bruit des cendres tombant sur le foyer, le tic-tac monotone d’un coucou placé dans l’antichambre près de la porte du salon, le bruit strident des ciseaux de Mme Primrose qui découpent la flanelle. Sophie demande à Burchell de lui passer un volume de la bibliothèque qui est derrière le fauteuil du vicaire. Il met assez longtemps à choisir le livre et il regarde par-dessus l’épaule du vicaire. Il fait l’inventaire mental du contenu du bureau et au milieu des papiers proprement pliés, des factures acquittées et des paquets d’enveloppes, il voit… quoi ? Un gant, un gant vert bronze, piqué de blanc, qu’il se rappelle parfaitement avoir vu à la main de Moïse quand celui-ci partit pour ce charmant voyage dont il n’est pas revenu. T’imagines-tu le visage du vicaire quand il se retourne vers Burchell et qu’il sait que son secret ne lui appartient plus ? Moi je me le représente. Te représentes-tu l’effroyable duel silencieux entre ces deux hommes, les regards furtifs, les allusions cachées à l’horrible mystère que renferme la moindre parole prononcée par Burchell ? Voilà comment je ferais le Vicaire de Wakefield, — dit Si-