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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/74

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LA FEMME DU DOCTEUR.

quelque diabolique intrigue destinée à se développer dans soixante-quinze numéros. Il avait quelquefois l’honnêteté de demander la permission au propriétaire, et, en une certaine occasion, après avoir admiré le parterre soigné et les murs couverts de manteaux de lierre, les tours crénelées et les fossés herbeux d’une bonne vieille construction qui avait été une grange, il fit la remarque que l’endroit était si tranquille qu’il éveillait en lui l’idée d’un empoisonnement lent et progressif. Il demanda si l’on voyait aucun obstacle à ce qu’il choisît la tranquille grange pour la scène de son prochain roman. L’excellent homme lui répondit d’une voix retentissante qui alla effrayer les corneilles dans les vieux arbres où elles nichaient : « Peuplez-la de démons, mon cher ami ; peuplez-la de démons autant qu’il vous plaira ; je n’y vois rien à dire ! »

CHAPITRE V

GEORGE AU LOGIS.

Le jeune médecin repartit pour le Midland avec ses compagnons d’excursion quand arriva le lundi fixé pour le retour. Il rencontra sur le quai de la gare Mlle Burdock et sa sœur, et il reçut ces jeunes personnes des mains de leur tante. Cette fois, Sophronia ne rougit pas quand ses regards rencontrèrent ceux de George. Elle avait dansé deux fois avec un jeune avocat à un petit bal que la tante avait donné en l’honneur des filles du brasseur ; — avec un jeune