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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/76

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LA FEMME DU DOCTEUR.

quelqu’un de la famille, et, le cas échéant, Sigismund devait écrire à son ami et le tenir au courant des faits.

Les dernières paroles de George, au moment du départ du train, étaient relatives à ce sujet, et tout le long du chemin il ne cessa de discuter avec lui-même si les Sleaford étaient réellement partis pour l’Amérique, pour mystifier le propriétaire furieux.

La vie à Graybridge-sur-la-Wayverne était aussi calme et tranquille que la rivière qui s’étalait dans les prairies aux abords de la ville, cette bonne vieille rivière qui rampait paresseusement au pied du mur croulant du cimetière et léchait les dalles mortuaires couvertes de mousse qui s’appuyaient autrefois contre cette antique clôture. Toute chose dans Graybridge était plus ou moins antique, bizarre et pittoresque, mais le plus bel ornement de Graybridge était l’église paroissiale, vieil et majestueux édifice qui s’élevait à l’entrée de la ville et auquel on arrivait par une longue avenue d’ormes à l’ombre desquels les monuments funèbres se détachaient dans leur éclatante blancheur. La capricieuse Wayverne qui vient incessamment vous barrer le chemin lorsqu’on traverse le séduisant Midland, la Wayverne était très-large en cet endroit, et pendant les sereines journées d’été, les tours grises de l’église regardaient dans l’eau tranquille l’image d’autres tours fantastiques qui partaient de leur base.

Parfois George, à son retour de la pêche, errait dans ce cimetière, et, marchant à travers les tombeaux, sa ligne appuyée sur son épaule, il s’abandonnait à ses rêves favoris.