Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
LES OISEAUX DE PROIE

petite affaire tout d’une haleine, sans la moindre attention.

« La dame est morte à deux heures du matin, monsieur, et ma mère m’a dit que je devais venir vous en informer. »

Le capitaine Paget chancela.

« Grand Dieu ! s’écria-t-il en tombant sur une pauvre chaise qui craqua sous son poids, et je ne savais même pas qu’elle fût malade ! »

Il sut encore moins que toute la vie de la pauvre créature depuis son mariage jusqu’à sa mort n’avait été qu’un long martyre du cœur, une lente agonie, faite de honte et de remords.


CHAPITRE III

PEINES ET ASPIRATIONS DU CŒUR

Lorsque Diana sortit du Kursaal, elle s’en alla lentement à travers les petites rues de Spa ; elle s’arrêtait devant une boutique de papetier dont elle connaissait par cœur tout l’étalage ou bien elle regardait en arrière du côté des grandes fenêtres du temple qu’elle venait de quitter.

« Que leur importe ce que je deviens, » pensa-t-elle, en jetant son dernier regard au Kursaal, au tournant de la grande rue de Spa et d’une rue latérale dont le pavé rugueux montait vers la colline, vers les bois.

La maison dans laquelle Paget avait fixé sa résidence était située dans le plus étroit des étroits conduits qui