Aller au contenu

Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
LES OISEAUX DE PROIE

mérite pas la moitié de l’affection qu’elle lui témoigne.

— Laissez-moi juge de cela. Quant à mon beau-père, je suis presque sûr de son consentement. Vous ne sauriez croire à quel point il est indulgent pour moi, ce qui montre combien je suis mauvaise tête de ne pas l’aimer davantage. Vous viendrez, Diana, et vous serez ma sœur. Nous jouerons ensemble nos jolis duos, et nous serons gaies comme deux oiseaux en cage… ou bien plus joyeuses encore, car entre nous, je n’ai jamais bien pu comprendre le suprême bonheur de se nourrir perpétuellement de chènevis et de temps en temps d’un morceau de sucre à la poussière. »

Alors commença tout le tapage des emballages, puis les préparatifs du départ. Il y eut à l’institution une sorte de saturnale qui se termina par un bal d’adieux, et il n’y avait pas une danseuse plus belle, plus accomplie que Charlotte dans sa robe des jours de fête qui la faisait ressemblera un nuage de mousseline. La blancheur de sa peau éclatante ressortait sous l’or mat de sa grande croix et sous le velours noir de ses rubans. Elle était superbe.

À la fin de la soirée, Diana assise dans un coin de la salle, très-fatiguée du bruit de la fête, considérait son amie, moitié avec chagrin, moitié avec envie.

« Peut-être m’aimerait-il, si je lui ressemblais ? » se disait-elle à elle-même.