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LES OISEAUX DE PROIE

homme qui pouvait donner à sa fille le luxe d’une dame de compagnie devait nécessairement être un de ceux-là, et le capitaine n’était pas disposé à laisser passer par scrupule l’heureuse occasion qui s’offrait à lui.

« Ma fille paraît s’être fait de nouveaux amis et je serais bien aise de voir quelle sorte de gens ils sont. Nous irons, ce soir, nous en assurer, Valentin, » dit-il en manière de conclusion.

George se trouvait à dîner à La Pelouse le jour où Horatio se décida à aller faire visite, et il se promenait dans le jardin avec les deux jeunes filles lorsque le capitaine et Valentin furent annoncés. On leur dit que Mlle Paget était dans le jardin.

« Je suis son père, avait dit le capitaine au groom, ayez la bonté de me conduire directement à elle. »

Paget était un trop vieux tacticien pour ne pas savoir qu’au moyen de cette entrée familière dans la maison il s’y mettrait tout de suite plus à son aise qu’en s’adressant d’abord à Sheldon. Il avait aperçu le petit groupe dans le jardin, et il avait pris George pour le maître de la maison.

Diana devint pâle, puis rouge, puis redevint pâle lorsqu’elle reconnut les deux visiteurs. Elle ignorait même qu’ils fussent de retour en Angleterre.

« Papa ! » s’écria-t-elle.

Et elle lui tendit la main assez froidement, à ce qu’il sembla à Charlotte, qui s’imaginait qu’un vrai père devait toujours être l’objet d’une tendresse passionnée.

Mais le capitaine ne pouvait pas se contenter de ce froid accueil. Il entrait dans ses convenances d’être extraordinairement paternel, ce jour-là, et c’est pourquoi il prit sa fille dans ses bras et se mit à l’embrasser avec un redoublement d’affabilité, ce qui ébahit tout à fait celle-ci.