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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/229

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LES OISEAUX DE PROIE

dit à la plate-forme du départ : il n’aperçut que quelques individus désœuvrés qui flânaient en regardant de temps en temps l’horloge. Valentin n’y était pas.

Sheldon entra dans toutes les salles d’attente, au buffet, à la buvette, revint au bureau des billets, mais nulle part ne trouva Valentin.

L’agent de change n’était pas content, mais il n’était pas non plus désespéré. Il retourna à la plate-forme, et s’adressa à un homme d’équipe qui n’avait pas l’air trop bête.

« Quels sont les trains qui sont partis dans cette dernière demi-heure ? demanda-t-il.

— Un seul, monsieur. Le train de deux heures quinze minutes qui va à Manchester.

— Vous n’auriez pas remarqué dans les secondes un jeune homme brun avec des yeux et des cheveux noirs ? demanda Sheldon.

— Non, monsieur ; il y a toujours beaucoup de monde à ce train-là.

L’agent de change n’insista pas ; il n’aimait pas à demander aux autres ce qu’il pouvait faire par lui-même. Il alla droit aux affiches, indiquant les trains de départ. Le train de 2. 15. était un express qui s’arrêtait seulement à quatre endroits Rugby, Ullerton, Murford, Manchester.

« Je gage qu’il est allé à Manchester ! pensa Sheldon, pour quelque affaire de courses qu’il veut cacher au capitaine. Je suis bien fou de m’occuper ainsi de lui, comme s’il ne pouvait pas bouger sans me nuire. Ce que je ne comprends pas, c’est son intimité avec George. George n’est pas homme à se lier avec qui que ce soit, sans motif. »

Sheldon quitta la station et se fit conduire à son bu-