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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/245

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LES OISEAUX DE PROIE

quelques modestes cottages, une boutique où l’on vend de tout : des souliers, du sucre, des bougies, du drap, du papier. C’est là que se trouve aussi la Poste aux Lettres. Ces habitations, une vieille église noircie par le temps, avec une tour carrée à moitié cachée sous le sombre feuillage des ifs et des cèdres, et la maison autrefois habitée par les Haygarth, voilà de quoi se compose le village. L’ancienne résidence des Haygarth est maintenant celle du recteur ; je me suis assuré du fait auprès de l’aubergiste des Sept Étoiles, où j’ai pris une bouteille de soda-water, afin de sonder le terrain, avant de me mettre en campagne.

« Le recteur actuel est un homme d’âge, veuf, avec sept enfants, d’un caractère facile, plus disposé à employer son argent à faire la charité qu’à payer ses dettes.

« Après avoir recueilli ces informations préalables, je suis allé sonner à la grille et demander d’être admis dans la demeure des Haygarth. Le recteur était chez lui ; il me reçut dans une petite chambre assez malpropre, pompeusement appelée la salle d’étude. Un jeune garçon en blouse de toile de Hollande s’y barbouillait la figure avec ses doigts remplis d’encre, en cherchant la solution d’un problème d’Euclide, pendant que son père, monté sur un marche-pied, explorait une longue file de vieux bouquins.

« Le recteur, dont le nom est Wendover, descendit du marchepied en secouant la poussière de ses vêtements. C’est un vieillard à tête blanchissante, aux manières très-vives, presque excentriques. Je remarquai qu’il essuya aux basques de son habit la paume de ses mains, ce qui me fit augurer qu’il devait être d’un commerce facile. Je ne tardai pas à reconnaître que cette présomption était fondée.