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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/250

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LES OISEAUX DE PROIE

« J’ai demandé au recteur s’il n’avait jamais trouvé aucun papier oublié dans les meubles ou dans quelque coin de la maison. Sa réponse a été négative : il avait maintes fois exploré toutes les parties de la vieille demeure et n’y avait jamais rien rencontré de pareil.

« Ainsi l’exécution des ordres de Sheldon ne donnait pas de résultat.

« M. Wendover m’a conduit de la cave au grenier. Nous rencontrâmes des jeunes filles sautillant et des garçons en blouse de toile partout où nous passions, mais de la cave au grenier nos recherches furent infructueuses. Dans toute la maison un seul objet a arrêté mon attention et l’intérêt que cet objet m’a inspiré n’a aucun rapport avec la fortune des Haygarth.

« Au-dessus du manteau de la cheminée, dans l’une des chambres à coucher, j’ai aperçu une petite série de miniatures, de vieilles miniatures de forme ovale, pâlies et jaunies par le temps, des portraits d’hommes et de femmes, avec les cheveux poudrés et des perruques à queue qui remontent à l’époque de l’inoffensive reine Anne. Ces miniatures au nombre de sept, sont guindées, prétentieuses, ridicules ; la septième cependant a du style, n’est pas sans valeur. C’est un portrait de jeune fille dont les cheveux flottants ne sont pas poudrés, une jeune et innocente figure, aux yeux gris et aux sourcils noirs bien marqués ; la bouche, un peu entr’ouverte, laissait apercevoir une rangée de dents blanches entourées par des lèvres roses, une figure telle que l’imagination d’un poète pourrait la rêver. Je détachai avec soin cette miniature du clou de cuivre qui la retenait, et je la considérai pendant quelque temps.

« Je fus stupéfait : c’était tout à fait le portrait de