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LES OISEAUX DE PROIE

affiches collées sur les murs ; j’appris comment je pouvais avoir mon mobilier transporté aux meilleures conditions, en supposant que j’eusse un mobilier ; je découvris où je devais m’adresser pour avoir un service de table et pour acheter des jalousies de la forme la plus convenable pour protéger mes fenêtres contre les coups du soleil d’été. J’étais encore occupé à déchiffrer la description de cette nouvelle invention de jalousies lorsque la cloche se mit à sonner. Presque aussitôt après, le train venant de Londres entra dans la gare avec un bruit de tonnerre.

« C’était le train pour Black Harbour. Il y avait un grand nombre de voyageurs pour le Nord, et beaucoup aussi qui descendaient à Ullerton. On se pressait, on se bousculait. J’eus d’abord quelque difficulté à trouver une place dans les secondes, ceux qui s’y trouvaient se tenaient devant les carreaux avec des mines désagréables, vous savez, ces mines particulières aux personnes qui voyagent en chemin de fer. Je finis néanmoins par en dénicher une ; mais pendant que j’allais d’une voiture à une autre, je fus frappé par une chose qui me donna plus tard à réfléchir. Je me trouvai face à face avec mon respectable ami et patron Horatio Paget.

« Nous n’eûmes que le temps de nous reconnaître et d’échanger un cri exprimant notre mutuelle surprise. La cloche s’étant remise à sonner, je fus obligé de m’élancer dans mon compartiment. Un instant de plus et je restais sur la voie, ce qui m’eût terriblement embarrassé. Le capitaine n’eût pas manqué de me questionner sur l’affaire qui m’amenait à Ullerton. N’étais-je pas censé être à Dorking, chez ma vieille tante ?

« Il aurait été très-fâcheux pour moi de manquer ce train.