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LES OISEAUX DE PROIE

ayant ouvert la bibliothèque, il en tira une pile de livres très-pesants. C’étaient des volumes reliés du journal la Lancette. C’était un véritable fardeau, et je ne crois pas que le dentiste aurait pu supporter un poids plus considérable. Il s’y prit très-adroitement, disposa de son mieux, entre ses bras, les lourds volumes, et remonta dans sa chambre. Il s’assit, jeta autour de lui un regard rapide, ouvrit un des livres, un autre, un troisième, se mit à le parcourir… il s’arrêtait, lisait un article d’un bout à l’autre, avec un redoublement d’attention, ou bien très-vite quelques lignes : il prenait des notes sur un petit carnet oblong et semblait se dire :

« Bien… bien… tout cela est bon… parfait… et ceci donc !… et encore ceci ! n’omettons rien… »

Il était encore là, écrivassant, courbé sur sa table, quand les horloges voisines jetèrent une à une, à la file, sans ordre, trois coups distincts, qui tombèrent dans la nuit.


CHAPITRE III

MONSIEUR ET MADAME HALLIDAY

Les invités de Sheldon arrivèrent le jour annoncé. C’étaient des bourgeois de province, extrêmement considérés dans leur pays, jugés tout à fait comme il faut par leurs compatriotes, mais qui ne ressemblaient pas le moins du monde à des bourgeois de Londres.

Thomas Halliday était du comté d’York. C’était un homme gros, parlant haut, d’un caractère facile, jovial.