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LES OISEAUX DE PROIE

en moi, ajouta-t-il d’un ton de reproche, je vous prouverai que j’ai confiance en vous. »

Sur quoi, la pauvre petite Mme Halliday murmurait d’un air plaintif que ce n’était pas sa fortune et les assurances sur la vie dont elle avait tant besoin, mais d’un mari qui restât chez lui, heureux de la tranquillité de son foyer. Le pauvre Tom promettait de s’amender et tenait facilement sa promesse jusqu’à la prochaine occasion. À dire vrai, ce n’est pas commode à un homme jeune et généreux, solidement établi, qui fait valoir sa propre terre, qui a trois ou quatre bons chevaux dans son écurie, et une cave bien garnie, de rester froid devant les avances d’une camaraderie cordiale et sincère, j’en appelle aux bons compagnons ? qu’ils répondent.

À Londres, Halliday retrouva un de ses préférés. George était celui des deux frères qu’il aimait le mieux. George l’entraînait souvent hors de son tranquille séjour pour le conduire dans quelque mystérieux repaire, d’où il ne sortait qu’après minuit, sentant le vin, la démarche peu assurée, et les vêtements empestant la pipe.

Il était cependant toujours de bonne humeur, même après ces escapades et ne cessait de protester dans son langage campagnard qu’il n’y avait pas le moindre mal.

« Sur ma parole, vous savez, ma chère, George et moi avons pris une demi-douzaine d’huîtres, un cigare, une bouteille de pale ale, et nous sommes rentrés de suite après. »

La pauvre Georgy ne se sentait nullement rassurée par ces protestations d’huîtres et de cigares, dites d’une bouche empâtée par un mari qui avait peine à se soutenir. Ce séjour à Londres, si charmant à son début, menaçait de devenir plus difficile, plus fâcheux. George et ses amis avaient fini par faire du jeune fermier à peu