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LES OISEAUX DE PROIE

agréablement, et même si agréablement que Georgy se surprit presque à désirer que son mari fût atteint de quelque maladie chronique qui l’obligeât à rester chez lui. Elle poussa un petit soupir de désappointement, lorsque Sheldon frappa gaiement sur les larges épaules de son mari, en lui disant qu’il serait tout à fait remis le lendemain.

Cependant les circonstances permirent à la jalousie de Georgy de sommeiller quelque temps en paix. Le rhume de Tom dura plus longtemps qu’on ne s’y attendait et fut suivi d’une fièvre lente.

« Une fièvre bilieuse, mais qui n’a rien d’inquiétant, » dit Sheldon.

Le malade et sa femme s’en rapportèrent complètement à leur ami, lorsqu’il les assura tous les deux que l’indisposition de Tom était la plus bénigne du monde.

« Un peu fatigante, c’est vrai, mais absolument sans danger, » ajouta-t-il.

Il eut à répéter très-souvent cette assurance à Georgy. L’irritation de celle-ci avait fait place à la sollicitude la plus affectueuse ; elle ne quittait pas Tom qui, ne bougeant point de son lit, était hors d’état de courir avec les camarades et acceptait avec une douce reconnaissance les tasses de bouillon et l’arrowroot que lui offrait sa femme.

La maladie d’Halliday était très-pénible : c’était une de ces affections intermittentes qui laissait le malade, les amis du malade, et tous ceux qui le soignaient, dans une incertitude continuelle. Un peu plus mal un jour, un peu mieux le lendemain ; reprenant parfois quelque force, et brusquement, perdant plus qu’il n’avait gagné. Le malade déclinait insensiblement : au bout de trois