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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/49

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LES OISEAUX DE PROIE

semaines, alors qu’il ne pouvait plus quitter le lit, que ce qui lui restait de résistance s’en était allé, comme l’appétit, Georgy comprit enfin que cette maladie, considérée d’abord comme si peu inquiétante, était, en somme, une maladie grave.

« Je pense que si… si vous n’y voyez pas d’objection… il serait bon de consulter un autre médecin, monsieur Sheldon, dit-elle un jour d’un air très-embarrassé, craignant de blesser son hôte en paraissant suspecter son habileté. Vous comprenez, vous… vous êtes tellement occupé avec vos clients… bien certainement ce n’est pas que je doute de votre talent… Mais ne croyez-vous pas qu’un médecin spécialiste pourrait vous aider utilement pour mener à bonne fin la guérison de Tom ? Voilà si longtemps qu’il est malade et vraiment son état ne paraît pas s’améliorer. »

Philippe leva les épaules.

« Comme vous voudrez, ma chère madame Halliday, je n’entends nullement vous imposer mes services. C’est uniquement affaire d’amitié de ma part ; vous le savez. Je n’entends pas recevoir six pence pour les soins que je donne à ce pauvre Tom. Appelez un autre médecin, certainement, si vous le jugez à propos, mais dans ce cas, vous le comprenez, je devrai me retirer. La personne que vous ferez venir peut être un savant, comme ce peut être un ignorant. C’est une chance que l’on court avec un inconnu. Je ne puis, quant à moi, vous donner aucune indication à ce sujet, car je n’ai de rapports avec aucun médecin de Londres. »

Georgy parut alarmée : il lui fallait envisager la question d’une façon nouvelle. Elle s’était imaginé que tous les médecins devaient être savants, et si elle avait eu des doutes sur Sheldon, c’est seulement parce qu’il était