Aller au contenu

Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
46
LES OISEAUX DE PROIE

plutôt dentiste que médecin. Elle se demanda si elle pouvait sans imprudence enlever pour ainsi dire son mari des mains d’un ami, d’un homme d’expérience en somme, pour confier le soin de sa guérison à un ignorant peut-être.

« Je me tourmente toujours trop facilement, » pensa-t-elle.

Puis regardant Sheldon d’un pauvre air, elle dit :

« Que pensez-vous que je doive faire ? Je vous en prie, dites-le moi. Encore ce matin, il n’a rien voulu manger à déjeuner, et même la tasse de thé que je l’ai décidé à prendre, a paru lui répugner. Et puis, cet affreux mal de gorge qui le fait tant souffrir… Que dois-je faire, monsieur Sheldon ?…

— Ce qui vous paraîtra le plus convenable, madame Halliday. Je n’ai nullement la prétention de vous conseiller. C’est une question de sentiment plutôt que de raison, et vous seule pouvez prendre une détermination à cet égard. Si je connaissais quelqu’un que je pusse honnêtement vous recommander, ce serait une autre affaire ; mais je ne connais personne. La maladie de Tom est tout ce qu’il y a de plus simple, et je me sens tout à fait en état de l’en tirer sans faire d’embarras ; mais si vous pensez autrement, mettez-moi, je vous en prie, en dehors de la question. Il y a cependant une chose que je dois vous faire observer. Comme beaucoup de gaillards de sa trempe, votre mari a les nerfs aussi impressionnables qu’une femme, et si vous faites venir un docteur étranger qui se présentera avec une figure longue et des airs solennels, il est à craindre que votre mari n’en soit affecté, ce qui pourrait lui faire plus de mal en quelques jours que le médecin ne pourra faire de bien en autant de semaines.