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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/64

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LES OISEAUX DE PROIE

Mme Halliday. Il allait partir à jeun lorsque Nancy lui apporta une tasse de thé. Il prit la tasse presque machinalement et entra dans la salle à manger, où Nancy le suivit. Pour la première fois il remarqua dans la physionomie de sa ménagère ce brusque et singulier changement qui avait tant surpris Georgina ; il était un peu moins apparent que deux heures avant, mais la Nancy Woolper d’aujourd’hui n’était pas celle d’hier.

« Vous avez une très-mauvaise mine, très-étrange, Nancy, dit Sheldon, en fixant sur elle ses regards pénétrants. Êtes-vous indisposée ?

— Pour dire vrai, monsieur Philippe, j’ai passé une très-mauvaise nuit, je me suis sentie faible, malade.

— Je suis sûr que vous vous êtes trop fatiguée… Prenez garde de ne pas dépasser la mesure de vos forces.

— Oh ! non, ce n’est pas cela, monsieur Philippe. Il n’y en a pas beaucoup qui puissent supporter la fatigue aussi bien que moi. Non, ce n’est pas cela ! Mais j’ai pris hier au soir quelque chose qui m’a fait mal.

— C’est encore une folie plus grande, à votre âge, vous devriez savoir ménager votre estomac. Qu’est-ce que c’était ? Un mets trop épicé, je présume, ou quelque chose de ce genre.

— Non, monsieur ; c’était simplement une goutte du bouillon que j’avais préparé pour M. Halliday. Il n’y en avait pas de quoi faire mal à un enfant, bien sûr.

— Le croyez-vous ? répliqua Philippe avec dédain. Cela prouve seulement votre ignorance. C’est sans doute le bouillon qui était préparé dans la chambre de M. Halliday ?

— Oui, monsieur ; c’est vous-même qui l’aviez monté.

— Ah ! oui, en effet, très-bien, alors. Eh bien ! Nancy,