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LES OISEAUX DE PROIE

— Cela n’a pas le sens commun, mon cher ami, c’est ce que disent tous ceux qui ne sont pas habitués à être malades, dès qu’ils se trouvent arrêtés un jour ou deux.

— Mais voilà trois semaines que je suis au lit, murmura d’un ton chagrin Halliday.

— Bien…, bien…, peut-être que M. Burkham vous rétablira en trois jours et alors vous ne manquerez pas de dire que votre ami Sheldon n’était qu’un ignorant.

— Non…, non…, je ne le dirai pas, mon vieil ami, je ne suis pas assez injuste pour cela, je ne vous accuserai pas quand je sais que c’est la faiblesse même de mon tempérament qui aura fait tout le mal. Quant à ce jeune homme que vous ayez amené pour faire plaisir à Georgy, je ne pense pas qu’il soit capable de faire pour moi plus que ce que vous avez fait.

— Nous trouverons moyen à nous deux, de vous rendre la santé, n’en doutez pas, Tom, répondit Sheldon, du ton le plus encourageant. Vraiment, vous paraissez ce matin presque aussi vaillant qu’autrefois. Je vous trouve si bien disposé que je crois pouvoir vous parler d’affaires, vous voyez… Il est arrivé ces jours derniers quelques lettres pour vous. Je n’ai pas voulu vous tourmenter, parce que vous étiez trop souffrant ; mais ce sont, je pense, des lettres d’affaires et vous feriez bien de les ouvrir. »

Le malade regarda le petit paquet que son ami avait tiré de sa poche et secoua péniblement la tête.

« Je me sens trop faible ; il vaut mieux attendre.

— Allons, allons, mon vieux, un peu de courage, ces lettres peuvent être importantes et puis cela vous ranimera de faire un effort.

— Je vous dis que je ne le pourrais pas, mon cher Sheldon, je ne suis vraiment pas en état de le faire…