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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/72

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LES OISEAUX DE PROIE

que. Lorsqu’il eut signé, Sheldon poussa un soupir comme s’il eût éprouvé un grand, un profond soulagement.

« Vous vous chargez de l’envoyer au bureau de l’Alliance, mon vieil ami, dit-il, pendant qu’il détachait du livre la petite feuille oblongue pour la remettre à Sheldon, c’est très-bien à vous de m’avoir fait penser à cette affaire… je l’avais complètement oubliée… Je crois, d’ailleurs, que j’ai eu tout à fait la tête perdue pendant cette dernière semaine.

— Mais non, assurément, Tom ; mais non !

— Oh ! si, j’en suis sûr… j’ai eu toutes sortes d’hallucinations… Dites-moi, étiez-vous caché dans cette chambre la nuit avant celle-ci, pendant que Georgy était endormie ? »

Sheldon réfléchit un instant avant de répondre.

« Non… non, je n’y suis pas venu l’avant-dernière nuit.

— Non ! Eh bien, je l’ai cru, murmura le malade ; vous voyez bien, je n’avais pas la tête à moi alors, Philippe, car j’ai cru voir et je me suis imaginé que j’entendais remuer les bouteilles et les verres derrière les rideaux.

— C’est que vous rêviez probablement.

— Oh ! non, je ne rêvais pas, certes ! J’étais aussi éveillé que maintenant. Mais ce n’est pas tout. Je me sens quelquefois, pendant des heures entières, aussi faible d’esprit que de corps et je ferai bien de profiter du moment où j’en ai la force pour vous dire ce que je veux vous dire. Vous avez été pour moi, Philippe, pendant toute cette maladie, le plus brave, le plus dévoué des amis. Je ne suis pas un ingrat. Si les choses tournent mal, comme je le crois, Georgy vous donnera un