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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/73

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LES OISEAUX DE PROIE

bel anneau de deuil ou, si vous le préférez, cinquante livres pour en acheter un. Maintenant, donnez-moi votre main que je la serre pour la dernière fois peut-être et laissez-moi vous remercier de tout mon cœur. »

Le malade avança sa pauvre main, amaigrie, toute blanche. Philippe le regarda un instant d’une étrange façon, puis il serra la main qu’il lui tendait dans ses doigts souples et musculeux ; il avait certainement hésité avant de prendre cette main.

Sheldon n’avait pas approfondi l’Évangile ; cependant lorsqu’il sortit de la chambre, il lui sembla subitement voir écrite sur le mur, en caractères de feu, cette phrase qu’il avait apprise étant petit enfant à l’école de Barlingford :

Dès qu’il parut, il alla au-devant de lui, en disant : « Maître !… maître !… » Et il l’embrassa.

Le nouveau médecin venait voir le malade deux fois par jour ; il paraissait inquiet et même déconcerté par les symptômes qu’il observait. Georgy, servie par l’instinct de sa tendresse, vit qu’il n’était pas sûr de lui, et elle pensa que Sheldon avait peut-être eu raison de dire qu’il ne suffisait pas de pratiquer la médecine pour être un bon médecin. Elle lui fit part de ses appréhensions, en lui demandant s’il ne serait pas à propos de remplacer M. Burkham par un docteur plus âgé ; mais Sheldon s’y opposa formellement.

« Vous m’avez demandé de faire venir un étranger, et je l’ai fait, dit-il, avec la dignité un peu solennelle d’une personne qui vient d’être offensée ; il faut maintenant suivre le traitement qu’il indique et vous contenter de ses avis, à moins qu’il ne demande lui-même à être assisté. »

Georgy fut obligée de se soumettre.