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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/111

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LE CORRECTEUR MODERNE
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Presque à la même époque, P. Marchant écrivait dans l’Avertissement de son Histoire de l’origine et des premiers progrès de l’Imprimerie[1] : « Je dois encore avertir que l’un d’eux [les libraires], savoir M. Jacques le Vier, jeune homme d’intelligence et d’acquit, et capable de quelque chose de plus que sa profession, vu la simple routine à laquelle elle est maintenant réduite[2], m’a parfaitement bien secondé dans le besoin que j’ai eu de lui, tant pour la copie de cet ouvrage, que pour la correction de son impression ; et que, si le public le trouve exactement imprimé, il lui en devra en partie l’obligation. »

Plus près de nous, il ne serait point difficile de rencontrer nombre de faits relatifs à la valeur attribuée aux fonctions de correcteur.

En 1799, Bertrand-Quinquet, dans son Traité de l’Imprimerie[3], écrivait, à propos de la correction, ces lignes suggestives : « De toutes les parties de l’art typographique nous sommes arrivés à la plus essentielle, à la plus difficile, à celle enfin qui assure davantage la gloire et la réputation de l’imprimeur. Peu de personnes savent apprécier combien il en coûte de peines et de soins pour donner au public un ouvrage correct ; il existe si peu de livres sans faute que l’on peut les compter ; et encore, parmi ceux-là doit-on cet hommage à la vérité que, pour pouvoir annoncer au frontispice la plus exacte correction, pour pouvoir y placer, comme Didot l’a fait à son Virgile, sine menda, il a fallu mettre au pilon plus d’une feuille imprimée et la recommencer de nouveau… L’Émulation est fille de la concurrence,… et celui-là seul qui saura bien imprimer, aura de l’ouvrage, comme la foule se portera chez le libraire jaloux de ne donner que de belles et de correctes éditions. »

« On ne saurait, dès lors, s’étonner de voir figurer au livre d’or de cette profession » nombre de lettrés « qui préludèrent, par la lecture des épreuves, aux chefs-d’œuvre dont ils devaient, dans la suite, enrichir la littérature et la science. Des romanciers, des poètes, des philosophes, des journalistes remarquables se sont rencontrés parmi

  1. Avertissemens, p. xii. — À La Haye, chès la Veuve Le Vier et Pierre Paupie. MDCCXL.
  2. Voir encore, page 535, les lignes écrites à ce sujet par Marchant, qui nous paraît être d’un pessimisme un peu outré.
  3. Traité de l’Imprimerie, p. 108-109. — Voir, plus haut, note 7, p. 12.