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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/191

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APPRENTISSAGE
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peut objecter qu’un correcteur de premières ou de secondes aura rarement l’occasion d’utiliser les connaissances acquises dans ces fonctions. Sans doute ; mais il est aisé de répondre que l’avenir réserve maintes surprises aux plus avisés, et que le correcteur de premières ou de secondes sera peut-être un jour appelé, même contre son gré, au poste de tierceur. Il ne regrettera point alors un apprentissage qui sans doute fut pénible, mais dont il tire aujourd’hui quelque avantage.

Allant même plus loin, nous pensons qu’il ne serait point déplacé de voir notre apprenti corriger de temps à autre quelques tierces… sous presse. Nombre de tierceurs se rendent imparfaitement compte des ennuis, des difficultés, surtout des pertes de temps que la correction sous presse occasionne ; et « ils en prennent à leur aise » avec les tierces. Une expérience personnelle les inciterait peut-être à modérer leurs exigences, à se préoccuper un peu moins de détails oiseux et à arrêter leur attention sur des questions plus importantes[1].

    que l’apprenti devait s’assimiler toutes les « combinaisons multiples » que présentent les impositions ? Ce serait certes exiger beaucoup, en quelques semaines, de l’esprit le plus averti et le plus ouvert. Ce qu’il s’agit d’inculquer à l’apprenti — et personne ne saurait se tromper sur notre intention — ce sont, avec exemples à l’appui, les notions fondamentales : les dénominations de côtés, les raisons de la disposition des pages, les désignations données aux blancs et leurs proportions respectives, les signatures, les encarts, les impositions fondamentales de l’in-4° et de l’in-8° dont toutes les autres dérivent, les motifs de leurs appellations, de même que celles de l’in-12, de l’in-16, ainsi que de l’in-18, etc. : toutes choses certes qui ne sauraient s’effacer de la mémoire d’un correcteur. — C’est, croyons-nous, faire injure à ces « correcteurs très bien doués au point de vue lettres, très érudits », dont parle notre contradicteur, que de supposer qu’ils « peuvent être inaptes aux mathématiques… de l’imposition », mathématiques tellement élémentaires que parfois dès sa première année d’apprentissage le jeune compositeur les possède suffisamment. — Pour le surplus nous prions le lecteur de se reporter au chapitre la Tierce (chap. x, p. 411).

  1. « Voici maintenant la correction sous presse. Il est certain qu’on n’en connaîtra bien les difficultés que si on les a eues devant soi, et peut-être ce travail aurait-il une influence salutaire sur certains correcteurs ; mais je vous avouerai que je ne discerne pas bien les corrections que le tierceur pourrait s’abstenir de marquer : il doit y avoir là une question d’espèce, très délicate à trancher, vu la multiplicité des cas et les circonstances, très variées aussi. Je ne me fais pas non plus une idée bien nette de ce que pourrait être la mentalité des correcteurs mentionnés plus haut. Quant aux autres qui désirent remplir de leur mieux le devoir envers le travail et le devoir envers les typos, ils trouveront en eux-mêmes la formule qui leur permettra, suivant les circonstances, d’user de fermeté pour maintenir leurs corrections ou de faire acte de justice et d’humanité en supprimant telle ou telle correction ou en la modifiant, au besoin après avoir demandé au corrigeur « comment ça l’arrangerait le mieux ». Pour avoir la mentalité qui devrait se trouver chez tout tierceur, il n’est nullement nécessaire — à mon avis, du moins — d’avoir fait une minute de correction sous presse. » (M. L.)

    Le lecteur remarquera sans peine, croyons-nous, que les prémisses de ce para-