Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/194

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Les Anciens avaient de la nécessité de l’apprentissage de la composition par l’érudit futur correcteur, de sa durée, de l’indulgence que l’on doit accorder à l’apprenti et de l’obligation de rémunérer ce dernier, une conception qui n’est point pour nous déplaire. Ils faisaient certes preuve d’un réel bon sens et d’une conception exacte des besoins de leur profession en exigeant de cet employé, qui fut pour eux un collaborateur émérite, des capacités littéraires étendues et en lui fournissant les moyens d’acquérir les connaissances techniques nécessaires.

On semble trop oublier à notre époque les exemples que nous donnèrent les premiers imprimeurs et les premiers correcteurs, les La Pierre, les Fichet, les Erhard, puis les Estienne, les Kiliaan, les Fröben ; — on n’a garde de se souvenir des recommandations des Fournier, des Th. Lefevre, des Daupeley-Gouverneur, que nous avons un peu longuement rappelées et exposées dans ce chapitre ; — même on méconnaît ou on néglige les enseignements du passé et du présent ; — on ne songe point aux besoins de l’avenir.

Cependant de tout ce que nous savons une conclusion se dégage, inévitable : « Le véritable correcteur doit être à la fois érudit et typographe. » — « Bacheliers ou licenciés besogneux, dont la compétence dans les questions professionnelles est nulle », doivent, par un stage de plusieurs mois à la casse, s’assimiler pratiquement la typographie. — Typographes désireux de devenir réellement des correcteurs émérites doivent s’astreindre à l’étude du latin, du grec, de l’allemand ou de l’anglais, et ajouter à ce bagage « quelque science d’usage habituel ».

Qu’on ne vienne point soutenir que ces choses sont impossibles : déjà le xxe siècle, comme son devancier le xixe, possède nombre de typographes dont les connaissances littéraires et linguistiques ne le cèdent en rien à celles des correcteurs érudits les plus réputés.