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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/247

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les signes de ponctuation qu’à supprimer ou à mal placer dans la parole les repos de la voix. Les uns comme les autres servent à déterminer le sens ; et il y a telle suite de mots qui n’aurait, sans le secours des pauses ou des caractères qui les indiquent, qu’une signification incertaine et équivoque, et qui pourrait même présenter des sens contradictoires, selon la manière dont on grouperait les mots. »

D’après Rollin, « une bonne ponctuation sert à donner au discours de la clarté, de la grâce, de l’harmonie ; elle soulage les yeux et l’esprit des lecteurs en faisant sentir l’ordre, la suite, la liaison et la distinction des parties ; en rendant la prononciation naturelle et en lui prescrivant de justes bornes et des repos de différentes sortes, selon que le sens le demande ».

Enfin la ponctuation est indispensable pour aider à la lecture. On demandait un jour à Legouvé une règle pour bien lire. Il répondit : « Il y a un point dans l’étude de l’art de la lecture qui résume en partie tous les autres : c’est la ponctuation. Le lecteur qui ponctue bien respire bien, prononce bien et articule plus facilement. Bien ponctuer, c’est mesurer, modérer son débit, c’est distinguer les diverses parties d’une phrase, c’est éviter la confusion qui naît de l’enchevêtrement des mots, c’est interrompre à tout moment la psalmodie, et, par conséquent, avoir la chance d’y couper court ; enfin, c’est comprendre et faire comprendre. »

Le même disait encore : « La ponctuation est un geste de la pensée de l’auteur ; elle ajoute à la page écrite un commentaire visible ; elle dessine la phrase ; elle en indique l’articulation, la construction, le mouvement. »

Mais avec Bertrand-Quinquet — et d’autres fort nombreux sans doute — il faut reconnaître que « les auteurs, trop occupés du fonds de leurs ouvrages pour s’inquiéter des petits détails, prennent rarement soin de l’orthographe et de la ponctuation de leurs manuscrits. Il est donc nécessaire que l’imprimeur à qui ils donnent leur confiance soit assez instruit dans cette partie pour y suppléer.

« En général, la ponctuation tient moins au génie des langues qu’au style des écrivains. Cependant elle n’est pas absolument arbitraire ; car, son objet étant de marquer les repos, de distinguer les phrases, de classer les idées d’après l’arrangement qui leur convient,