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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/472

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soit encore venue trouver nos correcteurs, et revendiquons pour ces collaborateurs demeurés obscurs la médaille de mérite qui leur est si justement acquise.

« Il en était ainsi déjà, je dois l’avouer, au xve et au xvie siècle ; mais, pour s’excuser d’une aussi singulière façon d’agir, on alléguait une bien curieuse raison : la revision et la correction des textes étaient appréciés si haut que ceux qui s’y livraient — il faut le reconnaître — avec un soin extrême et une ferveur consciencieuse, étaient considérés comme ne pouvant recevoir que dans le Ciel une suffisante récompense de leurs travaux. — Je veux espérer, Messieurs, que celle-là ne vous échappera pas.

« La preuve de ce que je viens de vous dire se trouve en tête du livre de « l’Imitation translatée de latin en françois », in-4o imprimé en 1493, où l’on rencontre un sommaire se terminant ainsi : « Laquelle translation a este diligentement corrigee sus l’original. Pour quoy, vous qui en icelluy livre lyres, veuilles prier Nostre Seigneur pour le salut du correcteur[1]. »

Le fait auquel M. J. Claye faisait allusion ne devait pas être exceptionnel : au mois de février 1509, Latheron, cet imprimeur tourangeau dont nous avons déjà parlé, terminait un Missale secundum usum sacri monasterii sancti Martini majoris nmonasterii Turonensis ordinis sancti Benedicti[2]. Au-dessus du colophon qui constitue l’explicit de ce missel, et qui nous donne tout au long les noms et les qualités des correcteurs, tous reclus du monastère, on lit, imprimées en caractères plus petits, ces quatre lignes :

Quisque in hoc presso
Divina volumine tractas,
Pro correctoribus,
Te rogo, funde preces.

Les moines, on le sait, considéraient la copie des livres sacrés comme un de leurs premiers devoirs. Théodoric, abbé d’Ouche, qui fut lui-même le premier parmi les copistes de son monastère, répétait

  1. L’Imprimerie, février 1874, no 111, p. 403.
  2. La Bibliothèque de Tours possède deux exemplaires de ce remarquable travail : l’un est imprimé sur peau de vélin et orné d’enluminures merveilleuses, l’autre est tiré sur papier. In-folio gothique, en noir et rouge, deux colonnes de 43 lignes à la page, il comprend 490 pages.