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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/521

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une usurpation des libraires et maîtres sur eux de rendre chacun jour une certaine besogne à laquelle à peine peuvent-ils suffire, ores qu’ils ne bougent bonnement, comme l’on dit, de la selle et ne se débauchent ; là où ils étaient contrainctz d’aller quatre ou cinq fois à la ville prendre leur réfection, comme leur est force, à cause de la violence du travail, il est certain qu’ils consumeront une partie de leurs journées en leurs allées et venues, ou en attendant un leur compagnon, ne se pouvant faire qu’ils se puissent accommoder ensemble de despenses ni d’habitation… Au contraire, estant nourriz ensemble chez les maistres, durant leurs repas, ils peuvent conférer de leur commune besogne, faicte et à faire… » L’obligation qu’on veut leur imposer serait pourtant « un grand bien, repos et proufict aux compagnons », et ils s’y soumettraient volontiers, si « eu esgard à la desbauche causée pour estre contrainct de se nourrir en ville », leur tâche était réduite. — Enfin les ouvriers ajoutaient : « Le salaire devoit être augmenté non toutesfois au gré et jugement des libraires et maistres imprimeurs, qui sont vrayment leurs parties adverses, et seroyent juges en leurs causes à la ruyne desdictz pouvres compagnons : lesquels ils doibvent payer par leurs mains. Ains doibt la taxe estre faicte par un nombre esgal et paecil des maistres et compagnons plus anciens, qui scavent et cognoissent au vray labeur, subjection et industrie de l’imprimerie : et y appelans, comme adjointz ou supernuméraires, quelques notables bourgeois ou marchans nommez par les deux parties. S’il y a quelque desbauche et querelle, le magistrat y est tousjours, pour les corriger et refréner, avec les peines légitimes. Mais il y a différence d’introduire un désordre au lieu d’un reiglement, et d’arracher le bon grain et la zizanie ensemble. »

En réponse aux Remontrances des compagnons, les patrons rédigèrent un mémoire « très habile, mais trop général », dont les considérations n’étaient point une réfutation directe et concluante des faits et des inconvénients si longuement exposés au roi[1].

Après avoir consulté les avocats et les procureurs au Parlement, ainsi que les membres du Conseil privé, Charles IX rendit, le 10 septembre 1572, une déclaration sur l’édit concernant la réformation de l’imprimerie.

Enregistrée le 17 avril 1573, cette déclaration maintenait au sujet

  1. D’après L. Radiguer.