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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

Fontaine à la rédaction de l’œuvre, Joseph Coquille ; l’édition, la deuxième ; la ville où elle vit le jour, Mayence ; l’officine où elle s’imprima, la maison de l’inventeur de l’imprimerie ; la date à laquelle elle parut, 1468.

Johannes Fons ne borna point ses productions littéraires à la rédaction de la modeste grammaire dont il vantait si agréablement l’excellence : il composa, nous dit-on, nombre « d’autres vers qui intéressent plus directement l’imprimerie et qui furent publiés à la fin du volume des Décrétales de Grégoire IX, ouvrage paru en 1473 ».

Notre auteur paraît avoir été un collaborateur assidu de l’atelier de Fust et de Schœffer. Nous avons dit, quelques lignes plus haut, sa modestie pour un point particulier ; nous ne pensons pas, toutefois, qu’en toutes choses notre moine « supposé » ait éprouvé les mêmes sentiments, ait eu la même manière d’agir.

Dans un prospectus[1], le plus ancien sans doute de ceux que nous connaissons, Pierre Schœffer annonçait, en 1470, l’apparition, pour le 29 septembre, d’une édition des Lettres de saint Jérôme[2]. Nous écrivons « Pierre Schœffer » ; peut-être cependant le rédacteur du prospectus était-il, plus exactement, Johann Brunnen qui ne manqua point de décerner quelque compliment intéressé à l’imprimeur — vir famatus, homme réputé, de renommée — et de s’accorder à lui-même une louange discrète, mais un peu osée.

Le rédacteur « affirme la prééminence de la future édition sur toutes celles qui l’ont précédée ou qui peut-être s’impriment en même temps qu’elle : cette supériorité résulte de la réunion fort difficile de tant d’épîtres, de la table commode qui la recommande et de la correction du texte :

Nous connaissons les travaux de Jean André, évêque d’Aléria, et de Guy le Chartreux sur les Lettres de saint Jérôme ; mais, comme nous savons par expérience que dans les œuvres de l’homme il n’est rien de parfait, ce sera du moins notre mérite et notre consolation qu’on ne pourra guère trouver d’édition supérieure à la nôtre quant à la correction… Le troisième mérite de notre ouvrage sera celui de toute la correction

  1. Cet exemplaire, imprimé sur papier et comportant quarante-six lignes de texte, a été, en 1872, payé 100 thalers (375 francs) à la vente du libraire T.-O. Weigel, de Leipzig. — Le lecteur curieux de lire ce prospectus en trouvera le texte dans le Serapeum, année 1856, p. 338 et 339.
  2. La Bibliothèque Nationale possède deux exemplaires des Lettres de saint Jérôme.