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Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/122

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cxii
PRÉFACE.

prouver l’influence qu’a exercée le Bhâgavata sur le développement des sectes dévouées à Vichnu, depuis le xive siècle au moins de notre ère, j’aime mieux accepter franchement cette objection, que ce poëme est un livre moderne, et dire à cette occasion ce que je pense des conséquences qu’on est, en général, disposé à tirer de la date récente de quelques-unes des compositions que nous ont conservées les Brahmanes.

Lorsque, dans les dernières années du xviii* siècle, les efforts des Anglais commencèrent à soulever le voile qui avait jusqu’alors dérobé la connaissance de llnde à l’Occident, l’étendue de cette littérature qui se révélait presque tout à coup, l’immensité des cycles et des périodes pendant lesquelles les Brahmanes affirmaient qu’elle s’était développée, et jusqu’à ce mystère qui entourait encore l’existence d’ouvrages qu’on entendait citer partout, et qu’on ne voyait nulle "part, causèrent à quelques esprits ardents une sorte de vertige, et leur firent adopter, touchant l’antiquité de la civilisation brahmanique, des systèmes où l’extravagance des idées n’était égadée que par la précipitation des jugements. Mais bientôt le peu de fonds que l’on pouvait faire sur les ouvrages qu’on venait de découvrir, en ce qui concerne l’histoire politique de l’Inde ancienne, jeta les esprits dans une autre voie, et autant on avait mis d’enthousiasme à proclamer que l’Inde était ancienne, autant on apporta de zèle à prétendre qu’elle était moderne. De part et d’autre, il faut le dire, on était guidé par des préoccupations tout à fait étrangères à l’objet qu’on croyait étudier » La réfutation ou la défense des livres bibliques étaient au fond la véritable question qu’on avait en vue, quand on se perdait dans les profondeurs d’une antiquité incalculable, comme quand on affirmait que la littérature indienne avait été remaniée vers le vil*" ou VIII* siècle de notre ère, et qu’il ne restait rien d’ancien.