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Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/58

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PRÉFACE.

savoir : Nâimittika, Prâkrĭtika, Nitya et Âtyantika, et qui résulte de sa nature propre[1]. Par Hêtu, cause de la création et des autres états de l’univers, on entend l’âme individualisée qui accomplit des actes sous l’influence de l’Avidyâ (l’Ignorance). Cette cause, quelques-uns l’appellent le principe [intelligent] qui s’endort [au temps de la destruction de l’univers au sein de l’Être suprême] ; d’autres, le principe [matériel] non développé. On entend par Apâçraya, délivrance, Brahma auquel il appartient d’être présent et absent tout à la fois, pendant que s’accomplissent les fonctions de la vie, de la veille, du sommeil et du sommeil profond, fonctions qui sont l’œuvre de Mâyâ[2].

Il y a donc, aux termes de cette définition et de celle que j’ai empruntée au Brahmavâivarta, indépendamment des Upapurâṇas dont je n’ai pas à m’occuper ici, des Purâṇas que l’on appelle grands, c’est-à-dire des Purâṇas plus étendus que d’autres, et dans la composition desquels il entre des matières qui, d’après la définition ordinaire, devraient ne pas se trouver dans les recueils désignés par le simple titre de Purâṇa. Et quelles sont ces ma-

  1. L’explication des quatre espèces de dissolution de l’univers est donnée dans le l. XII, ch. IV, st. 2 sqq. de notre Bhâgavata. La destruction Nâimittika, celle qui a pour cause [le sommeil de Brahmâ], a lieu au terme de chaque Kalpa, c’est-à-dire au bout de mille Tchaturyugas, quand arrive la nuit de Brahmâ. La destruction Prâkrĭtika ou celle des principes produits par la Nature a lieu à l’expiration des deux périodes de la vie de Brahmâ. Alors ce que, dans le système Sâmkhya, on nomme les principes, savoir : l’Intelligence, la Personnalité, les Sens, les Éléments, etc., tout cela rentre dans le sein de la Nature. La destruction dite Nitya, c’est-à-dire constante, que le Kâurma Purâṇa place, avec raison peut-être, la première dans son énumération, est celle qui a lieu tous les jours sous nos yeux ; c’est la succession perpétuelle des changements par lesquels passent tous les êtres, ou, comme l’entend M. Vans Kennedy, l’extinction de la vie, la nuit pendant le sommeil. (Voyez Research. into the nature of ancient and Hindoo Mythol. p. 224, note.) La destruction dite Âtyantika, c’est-à-dire définitive, est l’iden­tification de l’âme individuelle avec le suprême Brahma, identification à laquelle le Yôgin parvient par la science. On trouve à peu près les mêmes définitions dans le Trésor de Râdhâkanta Dêva, au mot Pralaya, fol. 2412, col. 2 sqq. ; elles résultent du texte de divers Purâṇas, tels que le Kâurma, le Vâichṇava et le Pâdma Purâṇa.
  2. Bhâgavata, l. XII, ch. VII, st. 8 sqq.