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APPENDICE. — N° I.

lacune est-elle antérieure ou postérieure à la gravure de l’inscription ? c’est ce que je ne saurais dire. La cinquième ligne étant terminée par la syllabe kâm̃ qui est parfaitement reconnaissable, on serait tenté de faire rapporter cette syllabe à nam̃dana, de cette manière, nam̃danakam̃, pour en faire un diminutif de modestie ou d’affection avec le sens de « petit lieu de plaisir, » ou « petit présent destiné à faire plaisir. »

La ligne sixième ne nous offre que cinq caractères qui sont précédés et suivis d’un blanc sur la planche lithographiée, ils paraissent devoir se lire sum̃kathalikî ; mais outre que je ne suis pas certain de la lecture du signe final, je ne sais comment partager ces caractères isolés pour en tirer un sens. Je ne pourrais y reconnaître que thalikî, toujours sous la réserve du groupe final qui est peut-être altéré, et thalikî donnerait en sanscrit sthalikî, signifiant quelque chose comme « relative au lieu ou à la montagne. »

À la ligne septième on lit distinctement gahapati, « maître de maison ; » ce titre suivait selon, toute vraisemblance le nom du donateur. Le mot n’est certainement pas terminé, et il y a ici une lacune qui s’étend jusqu’au commencement de la ligne huitième. Cette ligne a encore six caractères sur la planche de M. Bird ; tous sont lisibles, sauf le premier à gauche qui est douteux, en ce qu’on y peut voir, soit tu, soit bhu. En adoptant la première supposition, on aurait tuṇâ nam̃dam̃ṇana ; les deux premières syllabes semblent annoncer un mot à l’instrumental, ce qui conduit à supposer que nam̃dam̃ṇana est peut-être écrit sur le monument même nam̃danêna, au même cas. Il se peut même que tuṇâ soit la fin de pitunâ, « par le père, » et que nam̃danêna soit le nom propre Nandâna qui serait celui de ce père. Mais le nombre et l’étendue des lacunes qui existent à la fin de l’inscription ne permettent pas d’attacher beaucoup d’importance à l’interprétation conjecturale de quelques termes isolés.

Il me suffira maintenant de quelques mots pour terminer l’explication du terme de bhikchu sam̃gha, dont je viens d’examiner la seconde partie, sam̃gha. J’ai traduit par « Religieux » et non par « prêtre » le mot Bhikchu, qui littéralement désigne un mendiant, pour conserver la plus grande généralité possible à ce terme, qui suivant les autorités népâlaises, conformes en ce point à la plus ancienne doctrine des Buddhistes, désigne tout individu qui après avoir renoncé au monde et à l’état de maître de maison, vit dans un célibat rigoureux, et ne se soutient que par les aumônes qu’il reçoit sans les demander[1]. Les autorités singhalaises sont entièrement d’accord avec cette définition ; et Clough qui les suit, explique ainsi le mot Bhikchu : « prêtre buddhiste qui se soutient par la mendicité, ce qui est la seule voie par laquelle il puisse se procurer les moyens de vivre suivant les règles établies pour le clergé[2]. » Judson, dans son Dictionnaire barman, se contente de traduire le pâli Bhikkhu, par « prêtre de Buddha[3] ; » l’expression de « prêtre » n’est pas suffisamment exacte, en ce qu’elle est trop restreinte. J’ai préféré le mot de Religieux par les raisons que j’ai données tout à l’heure. J’aurais même conservé le terme original sanscrit de Bhikchu, si je n’avais déjà été forcé de garder dans ma traduction un grand nombre d’autres termes sanscrits dont il ne m’eût pas été facile de

  1. Hodgson, Sketch of Buddh. dans Transact. of the roy. As. Soc. t. II, p. 245.
  2. Singhal. Diction., t. II, p. 494.
  3. Burman Diction., p. 264.