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APPENDICE. — No I.

savants. « Il est difficile de ne pas lire su le troisième caractère de la seconde ligne en commençant par la gauche ; mais si un nouvel examen de l’inscription originale permettait de lire pu au lieu de su, on aurait pulisânam̃, » des hommes, » ce qui donnerait un sens plus naturel peut-être que celui de sulisânam̃. Il faudrait voir encore si le groupe que tout nous porte à lire su, ne devrait pas être pris pour , d’où l’on aurait sêlisânam, avec cette traduction, « les chefs de la montagne de Bhayânta. » Quoi qu’il en puisse être, et avec les secours que nous avons actuellement à notre disposition, on peut traduire la première partie de l’inscription de la manière suivante : « Pour les précepteurs d’une troupe, les Thêras, les chefs des sages de Bhayânta, qui possèdent la triple science. »

La seconde partie de l’inscription offre avec la première une analogie incontestable dans la disposition des termes. Tous les mots y sont semblables, sauf le terme principal am̃tévâsinam̃, « pour les disciples, » et le mot tchêtiyasânam, qui termine bhayam̃ta. Je crains que dans ce mot de cinq syllabes, où j’ai déjà reconnu tchêtiya, les voyelles ne soient pas distribuées correctement, soit par la faute du graveur indigène, soit par celle du copiste européen. Car en premier lieu, si ce mot est une épithète des disciples désignés par le terme de am̃têvâsinam̃ (et on a tout lieu de le croire, puisqu’il finit par le nam̃ des génitifs pluriels, forme de tous les titres de notre inscription), l’avant-dernier des cinq signes qui le composent doit se lire sânam̃. Et en second lieu, si l’on admet l’existence du parallélisme que j’ai remarqué dans le commencement de l’inscription, le second mot doit être à la quatrième ligne isânam̃, comme j’ai conjecturé qu’il l’était à la seconde. Je propose donc de lire à la quatrième ligne bhayam̃ta tchêtiyêsânam, « des propriétaires du « Tchâitya de Bhayânta. « Je ne donne cependant ceci que comme une interprétation conjecturale contre laquelle on peut faire cette objection, qu’on ne voit pas pourquoi les disciples seraient, plutôt que leurs maîtres, propriétaires du Tchâitya : toutefois cette disposition a pu résulter de la volonté de celui qui avait fait creuser la grotte où nous apprenons que devait se trouver un Tchâitya, et la fin de l’inscription est trop incomplète et trop obscure pour nous éclairer suffisamment sur ce point. Quant à présent donc, et avec toutes les réserves nécessaires, je traduis la seconde partie de l’inscription comme il suit : « Pour les disciples, les Thêras, les propriétaires du Tchâitya de Bhayânta, qui possèdent la triple science. »

Après le mot têvidjânam̃ de la cinquième ligne on trouve trois caractères qui se lisent nam̃dana, ou encore nam̃dina, si l’on veut que le grand développement qu’a ici la lettre da en fasse la syllabe di. Le sens de ce mot est clair, et on doit le rapporter aux termes qui précèdent et que je viens d’expliquer ; nam̃dana, employé substantivement, signifie « plaisir, ce qui rend heureux. » La lacune qui suit ce mot nous empêche de compléter la phrase, mais il est évident que l’idée exprimée par l’auteur de l’inscription a dû être celle-ci : « lieu ou objet de plaisir pour les maîtres d’une troupe, etc. » C’était la définition que le libéral auteur de l’inscription donnait du Vihâra ou des cellules qu’il avait fait creuser dans la montagne pour servir de demeure aux maîtres et aux disciples dont il venait de faire l’éloge.

Le mot nam̃dana est suivi d’une lacune sur la copie lithographiée de M. Bird ; la