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Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/481

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APPENDICE. — N° I.

« Thêras, disciples. » Les maîtres et les disciples ont, comme on le voit, une qualité commune, celle d’être également anciens ; nous verrons tout à l’heure qu’on leur attribue encore un autre mérite, celui de posséder le même degré dans une des connaissances les plus relevées du Buddhisme.

Ce qui vient ensuite est beaucoup moins clair. C’est d’abord une question de savoir si la première ligne est complète, ou bien s’il manque quelque chose après le signe qui suit thêrâna. Les deux traits de forme irrégulière qu’a tracés M. Bird à droite de l’inscription donneraient à croire qu’elle est incomplète de ce côté. Il y a cependant des indices propres à nous faire admettre qu’il n’y a pas ici de lacune. On remarquera en premier lieu que la fin de la troisième ligne qui est identique à la fin de la première, est suivie à la quatrième ligne d’un commencement identique avec le commencement de la seconde ligne ; c’est déjà pour nous un engagement à chercher entre la première et la seconde ligne le même mot qu’entre la troisième et la quatrième. En second lieu, l’examen de la seconde et de la quatrième ligne fournit les éléments d’une comparaison analogue. Ainsi les trois derniers caractères de la seconde ligne et le premier de la troisième sont exactement identiques avec les deux dernières lettres de la quatrième ligne et les deux premières de la cinquième ; seconde vraisemblance en faveur de l’idée que l’inscription est complète par sa droite comme elle l’est par sa gauche. J’ajoute que les quatre caractères que je viens de signaler confirment cette idée, et lui donnent toute la vraisemblance désirable, car ils fournissent, selon ma lecture, le mot têvidjânam, forme pâlie du sanscrit trâividyânâm, « pour ceux qui ont la triple science. » C’est là cette seconde épithète que je disais tout à l’heure être commune aux âtchariyas et aux antêvâsins, c’est-à-dire aux maîtres et aux disciples qui font l’objet de notre inscription.

La lecture et l’interprétation que je propose pour le mot têvidjânam nous tend déjà le service d’isoler dans la seconde ligne comme dans la quatrième, d’un côté sept caractères, de l’autre huit qui ne sont malheureusement pas aussi faciles. Je lis à la seconde ligne, en prenant le dernier signe de la première, bhayam̃tasulisânam̃ ; et à la quatrième ligne, en prenant la dernière lettre de la troisième, bhayam̃tatchêtiyasanam̃ ; mais je ne puis ici m’exprimer aussi affirmativement que pour ce qui précède. Je trouve d’abord de part et d’autre bhayam̃ta, ce qui serait un mot pâli régulier signifiant « la fin du danger, » ou « ce qui met un terme au danger, » Est-ce là une dénomination mystique faite pour désigner la montagne percée de cellules et de Vihâras, où les Religieux buddhistes vivaient dans la méditation, loin du monde et de ses dangers ? Est-ce plutôt un nom militaire appliqué à la montagne sur le sommet de laquelle s’élevait un fort réputé imprenable aux yeux des Indiens ? Ce sont là deux hypothèses entre lesquelles je n’ai pas de raison suffisante pour me décider ; mais bhayam̃ta, suivi à la quatrième ligne de tchêtiya, se prête assez bien à la désignation d’un lieu, par exemple « le Tchâitya de Bhayânta, » comme on écrirait d’après un texte sanscrit.

En admettant cette interprétation jusqu’à nouvel ordre et comme une simple hypothèse, nous trouvons, après le bhayam̃ta de la seconde ligne, quatre lettres qui donnent sulisânam̃, dont la transcription la plus directe en sanscrit serait sârîçânâm, « des chefs des