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APPENDICE. — No VI.

comment il faut entendre cette vérité. C’est que, ô Ânanda, si l’acquisition n’existait pas, aucunement, nullement, en aucune manière, absolument pas, pour personne, ni quelque part que ce fût, l’acquisition n’existant absolument pas, alors, par suite de l’anéantissement de cette condition, connaîtrait-on la détermination ? — Non, seigneur, [répondit Ânanda.] — C’est pour cela, ô Ânanda, qu’en ce monde la cause, l’origine, le motif et la raison de la détermination, c’est l’acquisition.

« Il a été dit, l’acquisition a pour cause la recherche : voici maintenant, ô Ânanda, comment il faut entendre cette vérité. C’est que, ô Ânanda, si la recherche n’existait pas, aucunement, nullement, en aucune manière, absolument pas, pour personne, ni quelque part que ce fût, la recherche n’existant absolument pas, alors, par suite de l’anéantissement de cette condition, connaîtrait-on l’acquisition ? — Non, seigneur, [répondit Ânanda.] — C’est pour cela, ô Ânanda, qu’en ce monde la cause, l’origine, le motif et la raison de l’acquisition, c’est la recherche.

« Il a été dit, la recherche a pour cause le désir : voici maintenant, ô Ânanda, comment il faut entendre cette vérité. C’est que, ô Ânanda, si le désir n’existait pas, aucunement, nullement, en aucune manière, absolument pas, pour personne, ni quelque part que ce fût, par exemple, s’il n’existait ni désir des plaisirs[1], ni désir de l’existence, ni désir d’être affranchi de l’existence, le désir n’existant absolument pas, alors, par suite de l’anéantissement de cette condition, connaîtrait-on la recherche ? — Non, seigneur, [répondit Ânanda.] — C’est pour cela, ô Ânanda, qu’en ce monde la cause, l’origine, le motif et la raison de la recherche, c’est le désir. Or ces deux conditions (le désir et la recherche) qui forment un couple, vont, ô Ânanda, se réunir dans la sensation qui en est la cause commune.

« Il a été dit, la sensation a pour cause le contact : voici maintenant, ô Ânanda, comment il faut entendre cette vérité. C’est que, ô Ânanda, si le contact n’existait pas, aucunement, nullement, en aucune manière, absolument pas, pour personne, ni quelque part que ce fût, par exemple, s’il n’existait ni contact de la vue [avec un objet extérieur], ni contact de l’ouïe, ni contact de l’odorat, ni contact du goût, ni contact de la peau, ni contact de l’esprit (ou du cœur, manas), le contact n’existant absolument pas ; alors, par suite de l’anéantissement de cette condition, connaîtrait-on la sensation ? — Non, seigneur, [répondit Ânanda.] — C’est pour cela, ô Ânanda, que la cause, l’origine, le motif et la raison de la sensation, c’est le contact.

« Il a été dit, le contact a pour cause le nom et la forme : voici maintenant, ô Ânanda, comment il faut entendre cette vérité. C’est que, ô Ânanda, si les caractères, les attributs ; les signes, les marques à l’aide desquelles a lieu la connaissance du corps des noms n’existaient pas, alors connaîtrait-on le contact des dénominations usitées pour le corps des noms ? — Aucunement, seigneur, [répondit Ânanda.] — Si les caractères, ô Ânanda, si les attributs, les signes, les marques à l’aide desquelles a lieu la connaissance du corps des formes n’existaient pas, connaîtrait-on alors le contact des chocs qui existent pour le corps des formes ? — Aucunement, seigneur, [répondit Ânanda.] — Si les caractères, ô

  1. Ou bien, « ni soif du désir, » Kâmataṇhâ.