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Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/580

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APPENDICE. — No VI

Ânanda, si les attributs, les signes, les marques à l’aide desquelles a lieu la connaissance du corps des noms et du corps des formes n’existaient pas, connaîtrait-on alors soit le contact produit par la dénomination, soit le contact produit par le choc ? — Aucunement, seigneur, [répondit Ânanda.] — Si les caractères, ô Ânanda, si les attributs, les signes, les marques à l’aide desquelles a lieu la connaissance du nom et de la forme n’existaient pas, connaîtrait-on alors le contact ? — Aucunement, seigneur, [répondit Ânanda.] — C’est pour cela, ô Ânanda, qu’en ce monde la cause, l’origine, le motif et la raison du contact, c’est le nom et la forme.

« Il a été dit, le nom et la forme ont pour cause l’intelligence (la connaissance ou la conscience) : voici maintenant, ô Ânanda, de quelle manière il faut entendre cette vérité. C’est que, ô Ânanda, si l’intelligence ne descendait pas dans le sein de la mère, est-ce que le nom et la forme viendraient s’y ajouter comme ils font ici-bas ? — Non, seigneur, [répondit Ânanda.] — Si l’intelligence, ô Ânanda, venait à être séparée d’une créature, homme ou femme, soit jeune, soit déjà formée, est-ce qu’alors le nom et la forme prendraient de la croissance, de l’augmentation, du développement ? — Non, seigneur, [répondit Ânanda.] — C’est pour cela, ô Ânanda, qu’en ce monde la cause, l’origine, le motif et la raison du nom et de la forme, c’est l’intelligence.

« Il a été dit, l’intelligence a pour cause le nom et la forme : voici maintenant, ô Ânanda, de quelle manière il faut entendre cette vérité. C’est que, ô Ânanda, si l’intelligence ne prenait pas pied dans le nom et dans la forme, est-ce qu’alors on connaîtrait jamais la naissance, la vieillesse, la mort, la production, l’accumulation des douleurs ? — Non, seigneur, [répondit Ânanda.] — C’est pour cela, ô Ânanda, qu’en ce monde la cause, l’origine, le motif et la raison de l’intelligence, c’est le nom et la forme. C’est le nom et la forme, ô Ânanda, qui ouvre pour un être, qu’il soit engendré, qu’il naisse, qu’il meure, qu’il quitte ce monde, qu’il renaisse autre part, qui ouvre, dis-je, la voie de la dénomination, qui ouvre celle de la désignation, qui ouvre celle de l’indication. C’est du nom et de la forme que résulte pour un être la connaissance qu’on en possède, la notion qu’on a de lui. Ce qui pour un être fait qu’il arrive à se connaître tel qu’il est, c’est le nom et la forme avec l’intelligence. En un mot, ô Ânanda, c’est le nom qui fait que l’individu se connaît lui-même. S’agit-il, en effet, ô Ânanda, d’un être doué de forme et petit, le nom lui révélant sa personnalité, lui donne cette notion : J’ai une personnalité douée de forme et petite. S’agit-il, ô Ânanda, d’un être doué de forme et éternel, le nom lui révélant sa personnalité, lui donne cette notion : J’ai une personnalité douée de forme et éternelle. S’agit-il, ô Ânanda, d’un être n’ayant pas de forme et petit, le nom lui révélant sa personnalité lui donne cette notion : J’ai une personnalité n’ayant pas de forme et petite. S’agit-il, ô Ânanda, d’un être n’ayant pas de forme et éternel, le nom lui révélant sa personnalité, lui donne cette notion : J’ai une personnalité n’ayant pas de forme et éternelle. Dans ce cas, ô Ânanda, celui qui déclare qu’il a une personnalité douée de forme et petite, ou bien fait cette déclaration pour le moment présent, ou bien la fait pour l’avenir, ou bien encore il fait cette réflexion : Je façonnerai ce qui n’est pas ainsi à devenir ainsi ; et alors tel qu’il est, ô Ânanda, il poursuit avec persévérance l’idée d’un état donc de