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Page:Champfleury - Grandes Figures d’hier et d’aujourd’hui, 1861.djvu/149

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RICHARD WAGNER

L’ouverture de Tannhœuser était déjà connue à Paris de quelques-uns qui l’avaient entendue dans un concert à un franc, entre une polka et un quadrille, autant que le permettaient les aimables conversations des coulissiers et des filles ; mais si les choristes avaient chanté avec plus d’ensemble le chœur de l’introduction, quel effet n’eût-il pas produit ?


Il faut laisser aux critiques le soin de parler de dièses, de bémols, de tonalité, de modulations ascendantes, de chromatique, etc. Ce qui me reste à dire est plus intéressant.


Le fragment du Saint-Graal est un de ceux qui m’a le plus frappé par son mysticisme religieux et le frémissement de chanterelle des violons, à la fois doux, clair et transparent comme du cristal. L’orchestre s’anime peu à peu, et arrive à une sorte d’apothéose rayonnante, qui transporte l’auditeur dans des mondes inconnus.


Au moment de mettre sous presse, on m’a procuré le livret de concert. Il est bon de citer le fragment du Saint-Graal, tiré de l’opéra de Lohengrin :

« Dès les premières mesures, l’âme du pieux solitaire qui attend le vase sacré, plonge dans les espaces infinis. Il voit se former peu à peu une apparition étrange, qui prend un corps, une figure. Cette apparition se précise davantage, et la troupe miraculeuse des anges, portant au milieu d’eux la coupe sacrée, passe devant lui. Le