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RICHARD WAGNER

saint cortège approche ; le cœur de l’élu de Dieu s’exalte peu à peu ; il s’élargit, il se dilate ; d’ineffables aspirations s’éveillent en lui ; il cède à une béatitude croissante, en se trouvant toujours rapproché de la lumineuse apparition, et quand enfin le Saint-Graal lui-même apparaît au milieu du cortège sacré, il s’abîme dans une adoration extatique, comme si le monde entier eût soudainement disparu.

» Cependant le Saint-Graal répand ses bénédictions sur le saint en prière et le consacre chevalier. Puis les flammes brûlantes adoucissent progressivement leur éclat ; dans sa sainte allégresse, la troupe des anges, souriant à la terre qu’elle abandonne, regagne les célestes hauteurs. Elle a laissé le Saint-Graal à la garde des hommes purs, dans le cœur desquels la divine liqueur s’est répandue, et l’auguste troupe s’évanouit dans les profondeurs de l’espace, de la même manière qu’elle en était sortie. »

Que les esprits poétiques relisent ces lignes et les habillent des mélodies de l’imagination, ils pourront peut-être se faire une idée du profond sentiment musical du Saint-Graal.


Deux heures de cette musique m’ont laissé sans fatigue, heureux et plein d’enthousiasme.

Si Wagner se rattache à la grande école de Mozart et de Beethoven, c’est par la simplicité de l’orchestration.

Le bruit, qui a égaré tant de compositeurs à la recherche d’effets nouveaux, est heureusement exilé de son œuvre.