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Page:Champollion - L'Egypte sous les Pharaons tome premier, 1811.djvu/15

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but, puisque, comme les Brahmes dans l’Inde, cette classe était dépositaire de la religion et du savoir, tenait les rois sous une espèce de subjection et de tutelle, et constituait ainsi le gouvernement de l’Égypte en une sorte de gouvernement théocratique[1].

De ces circonstances réunies résultèrent l’éloignement qu’eurent les premiers Égyptiens pour la marine, et les obstacles qu’ils opposèrent constamment à ceux que le desir de s’instruire conduisait dans cette contrée mystérieuse.

Mais lorsque Cambyse eut renversé la monarchie égyptienne, ravagé les villes, brûlé les temples et dispersé les prêtres, ce pays, naguères la patrie des sciences et des arts, fut courbé sous le joug despotique des Perses, et perdit son bonheur avec ses connaissances, sans perdre sa célébrité.

Dans le laps de tems qui s’écoula depuis Cambyse jusques à Alexandre, il devint le théâtre fréquent de guerres civiles. Les efforts sans cesse renaissans de plusieurs chefs égyptiens pour délivrer leur patrie d’une domination étrangère, attirèrent sur cette terre malheureuse les désastres et les fléaux, suites inévitables des révolutions et de la résistance opiniâtre d’un peuple qui conservait le souvenir de sa gloire et de son indépendance. Au milieu de leurs infortunes, les Égyptiens, gouvernés par des rois qui n’étaient

  1. Diodore de Sicile, liv. I, sect. II.