tère bien tranché, comme la Fugara ou le Kerolophon ; ces jeux étant moins variables, seraient plus utiles et moins dispendieux.
Comme je reviendrai sur un genre de registres dont s’éprennent tant de personnes ignorantes en facture, je vais passer à la classification des jeux à bouches.
Le plus utile, parce qu’il se suffit à lui-même, et qu’on peut l’associer à tous les autres, est le jeu de fond, c’est-à-dire celui qu’on accorde au ton fondamental dont le huit-pieds est comme le type et la base, en d’autres termes, quel que soit le degré de gravité ou d’acuité des registres de fond, ils résonnent toujours à l’unisson ou aux différentes octaves du huit pieds.
Comme centre de toute l’harmonie de l’orgue, les fonds de huit-pieds l’emportent aussi en nombre sur leurs octaves : les 16, 4 et 2 pieds, et offrent de plus une variété de timbres suffisante pour au besoin suppléer à l’absence des jeux à anches ou se combiner agréablement avec eux.
La plénitude à la fois douce et pénétrante de la montre, le brillant de la fugara, le timbre mordant mais délicat de la Viole et du Salicional, le ton frêle du gemshorn, et plus suave encore de la Dulciane, le moelleux sourd du Bourdon, et plus clair de la Flûte sont autant de gradations de timbre et de force dont un organiste habile peut déjà tirer des effets et contrastes presqu’illimités[1].
Il est encore des jeux à bouches accordés, non plus comme les fonds, aux diverses octaves du huit-pieds, mais à sa tierce, à sa quinte, à sa douzième, et d’autres enfin faisant entendre deux, trois et jusqu’à dix rangs de tuyaux à la fois, accordés à différents intervalles de manière à produire des accords entiers par l’abaissement d’une seule touche. Ces jeux, dits de mutations, parce qu’ils sont en effet un changement dans le ton fondamental, doivent leur origine à la loi des concomitances.
Tout corps sonore en vibration produisant naturellement ses harmoniques, ou sons concomitants, l’idée est venue aux facteurs de les rendre en quelque sorte sensibles dans les
- ↑ Dix à douze jeux offrent, selon leur mode de distribution sur différent claviers, plusieurs centaines de combinaisons.
